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La mort de l’acteur Alain Delon, survenue dimanche 18 août, a probablement atténué la résonance du dernier coup de Jean-Luc Mélenchon dans une opinion publique encore assoupie par les vacances d’été. Mais, encore une fois, le fondateur de La France insoumise (LFI) a fait trembler les murs de la gauche, fissurant le Nouveau Front populaire (NFP), fragile édifice bâti à la hâte en vue des élections législatives du 30 juin.
Dans un texte paru dans La Tribune Dimanche, cosigné avec le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, et la présidente du groupe à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, Jean-Luc Mélenchon accuse Emmanuel Macron de « coup de force institutionnel » et d’« abus de pouvoir ». Dans cet « avertissement solennel », LFI somme le chef de l’Etat d’« admettre le résultat des législatives » et de « nommer première ministre Lucie Castets », sans quoi le mouvement déclenchera l’article 68 de la Constitution, qui prévoit la possibilité de démettre le président de la République en cas de « manquements à ses devoirs ».
L’initiative des « insoumis » a été concoctée en secret, en marge de la nouvelle union de la gauche. Manuel Bompard a simplement prévenu ses partenaires par SMS, samedi, de la sortie du texte le lendemain.
Concrètement, la mise en œuvre de l’article 68 de la Constitution n’a aucune chance d’aboutir, au regard des équilibres politiques actuels. Une résolution doit d’abord être adoptée à la majorité des deux tiers à l’Assemblée nationale et au Sénat. Puis une haute cour, constituée d’élus des deux Chambres, dispose d’un mois pour se prononcer, là aussi à la majorité des deux tiers. La légitimité juridique de la démarche serait également questionnée. « Le chef de l’Etat est dans son rôle constitutionnel. En l’absence de majorité, il consulte les groupes politiques afin de nommer un premier ministre », justifie l’Elysée, qui dénonce « une agitation bien peu conforme à l’esprit de la République et à la lettre de la Constitution » et note un « goût pour le désordre peu rassurant ».
Au-delà de la faisabilité de la procédure, c’est surtout les conséquences politiques de la démarche que socialistes (PS), écologistes et communistes (PCF) craignent, à cinq jours d’un rendez-vous crucial avec Emmanuel Macron, en compagnie de Lucie Castets. Dimanche, tous se sont désolidarisés de leurs turbulents partenaires, conscients qu’une telle menace promet d’hypothéquer définitivement les chances du NFP de gouverner, en offrant sur un plateau une bonne raison au chef de l’Etat de repousser leur candidate à Matignon.
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